Toodè N° 37

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15 septembre  2003

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Rentrée automne 2003 …

 

Je ne rigole pas.

C’est la rentrée et déjà des luttes sociales s’annoncent.

Je vais sans doute devoir choisir de faire grève pour défendre les avantages acquis. Devrais-je dire mes privilèges ?

Je ne rigole pas, surtout que je viens de relire le Toodé d’août 2003. La réponse est privilèges.

Je travaille mon salaire est correct, mes conditions de travail sont bonnes, même si je me bats pour essayer de les améliorer (actuellement, c’est plutôt pour qu’elles ne se dégradent pas), dans 10 ans je pourrai probablement percevoir une retraite satisfaisante, je possède ma maison, j’ai Marianne pour épouse,  Matthieu et Clément comme enfants, une famille formidable, des amis extraordinaires (parmi lesquels compte Théotime )... bref je suis heureux.

Mais je ne rigole pas, je suis privilégié.

Alors, si je veux partager avec les plus défavorisés, il me faut renoncer à ce salaire correct, à ces conditions de travail que beaucoup n’imaginent même pas.

Alors je ne rigole pas.

Ce n’est pas bien grave si je ne vais pas aux skis. Mon ordinateur me permet d’écrire Toodé et de vous l’envoyer, il n’est pas nécessaire de le renouveler. La voiture tiendra bien encore 100 000 km. Il est possible de renoncer à l’usage de petits ou gros gadgets que propose notre société de consommation, Je peux même sacrifier un des deux emplois que Marianne et moi occupons. Toutefois, je tiens à conserver le privilège de permettre à Matthieu et Clément de poursuivre des études.

Je ne rigole pas,

même si, je suis persuadé que nombreux seraient prêts à abandonner leurs privilèges pour partager avec les plus pauvres.

Le problème est que, comme la plupart, je ne suis pas convaincu que la renonciation aux avantages de nantis profite aux démunis. Je ne parle pas d’un partage isolé, d’une action individuelle, privée, mais d’un partage né de la répartition équitable des avantages concédés par notre société de nantis.

Je ne rigole pas.

Aujourd’hui, notre société n’est pas prête à partager, elle ne sait plus faire. Depuis quelques décennies, le terme de solidarité à disparu de la réalité de cette société. A force de cultiver l’individualisme, notre société a exclu l’usage de la solidarité. Pour nous nantis, être solidaire est devenue une notion abstraite que nous appréhendons avec beaucoup de difficultés, surtout que maintenant elle se décline à l’échelle planétaire.

Je parle de la solidarité qui coûte, pas du geste symbolique qui donne bonne conscience aux yeux du monde enfin des favorisés.

Je ne rigole toujours pas.

Depuis longtemps, notre société, par ces financiers, sait mondialiser l’économie et continue en ce sens, mais notre société commence seulement à redécouvrir la solidarité et la découvrir au niveau mondial : il lui faut apprendre le partage.

Comme  les enfants, qui ne savent que jouer côte à côte, et qui, à l’école maternelle, apprennent à jouer ensemble, notre société apprend à partager. Je crains que cet apprentissage ne soit long, surtout que solidarité, partage, équités ne sont pas des matières inscrites dans les programmes officiels de notre société où sont prônés l’élitisme, l’individualisme. Cet enseignement est dispensé par des associations de plus en plus importantes mais encore trop marginales.

Là, je commence à rigoler.

 

J’espère que Stéphane me pardonnera de l’avoir très mal plagié, mais son Toodé m’a interpellé et quelque part blessé (non pas froissé mais atteint par ce pavé).

A la lecture de ce dernier Toodé, je n’ai pas découvert que j’étais un nantis de privilèges, je le savais, mais je me suis demandé comment, faire pour que mes actions revendicatives pour la sauvegarde de mes privilèges corporatistes, nationaux,.. , profitent également aux défavorisés de toute la planète. Comment faire également, pour que tous « les cerveaux africains (et les autres) » acceptent de rester dans leur pays pour le développer.

J’ai la tristesse de constater que je n’ai pas encore de réponse.

Je ne rigole pas, mais là ce n’est plus de l’humour..